[Kévin Marquet, Bobby Bobb, Antonio Cazapueblo,Francesco Piatoni, istréens, strasbourgeois] ISTRES-STRASBOURG, match amical de préparation estivale

Après quelques semaines de préparation physique dans le Jura (c'est ce qui a de plus proche de Strasbourg et qui ressemble vaguement à un massif montagneux), les dirigeants avaient eu la bonne idée de nous concocter un premier match amical de préparation à près de 1000 kilomètres de La Meinau et qui plus est, contre un adversaire direct en championnat : le FC Istres Provence.

L'occasion de se déniaiser, puisque toute l'équipe partait dans l'inconnue : nouveau coach, nouveaux joueurs, nouvel avant-centre avec un joli catogan (moi)... Et puis, à en croire les dirigeants, le long déplacement effectué en minibus devait nous permettre d'apprendre à nous connaître, de souder les liens entre joueurs et staff, bref, de devenir une équipe. Tu parles, 10 heures de bus pour aller écouter les cigales, effectivement ça laissait de quoi faire.

Une fois le vieux minibus en route, tout commença par une légère embrouille dès les premiers kilomètres (aux alentours de Colmar) sur la route de l'étang de Berre. Mon copain du premier jour, l'immigré qui avait refusé ma saucisse, Séid Khiter, tenait absolument à s'occuper de la sono :

"Zyva, ouéch, t'as vu, on va à Mars, ouéch c'est le paradis alors faut mettre du bon son : crache ton 113"

Je perçus chez Stéphane Cassard, le gardien, et vétéran de l'équipe, une pointe d'agacement. Il prit la parole et exigea qu'on écoute du Mireille Mathieu : "pour apprendre à se concentrer et puiser en nous la force intérieure" dit-il. Mouais. Fallait intervenir.

"Ecoutez les gars, moi yé soui lé nouveau, et comme bizoutage, yé propose qu'on écoute musica dé chez moi : Los Del Rio, Macarena. Régarde, c'est facile : tou mets les mains sour les hanches, ensuite sour les fesses et...."

Un silence de mort s'était fait dans le bus. Le nouveau coach, si énigmatique et discret depuis la reprise, prenait la parole pour la première fois de la saison, et vu sa tête, c'était pas pour dire qu'il fallait contourner un plot en utilisant l'intérieur du pied. Il faisait les gros yeux, et un léger filet de bave luisait au coin de sa lèvre inférieure. Bref il avait pas l'air content. Tout le monde se tut, bien conscient que nous allions assister à un moment historique et fondateur : la première causerie de notre coach. Et du coup, ça permettrait de dissiper aussi les rumeurs qui disaient qu'il ne savait pas aligner plus de quatre phrases sans se mettre à bégayer....

"Rien de tel qu'un voyage en bus de 11 heures, un déplacement dans le sud, non pas à Marseille, y'a autre chose dans le sud, Istres, tu sais un club où Laurent Courtois et Bakayoko ont jouer.
-Je vois pas qui c'est.
-Mais si Steve, tu vois forcément.
-Non
-T'a pas manquer de jouer là-bas toi aussi.
-Non jamais.
-Tant pis."

Voilà la nuée de joueurs qui rentre dans le bus, Saïd Khiter en pôle, Stéphane Cassard qui ressemble à un mono' en train de guider les enfants se place sur le coté et me parle.

"Coach, vous savez avec mon vécu je peux vous aider à diriger le groupe.
-Rentre dans le rang.
-J'ai un long passé de joueur.
-Je connais ton passé Cassard, maintenant casses-toi dans le bus !"

Un long silence se fait sortir, les yeux du gardien commençaient à s'humidifier, puis d'un coup, d'un seul élan, le voilà parquer dans le bus avec le reste du groupe, Steve mon adjoint m'envoie un clin d'œil avant de monter lui aussi dans le bus... Je monte en dernier pour clôturer la marche et m'assurer qu'aucun ne soit oublier.

Quelques heures passent... Soudain une heurte pour la musique, chacun veut défendre son pain ! 113, Mireille mathieu ou la macarenas, on peut pas me confier autre chose que ça comme bande de gamin ! Tout d'un coup, alors que je me lève de mon siège parfaitement installé à l'avant du bus juste derrière la porte d'entrée, Stéphane Pichot prends la parole.

"Moi je vote pour Eddy Mitchel..."

Et en plus, j'ai un beauf dans l'équipe ! La chaleur de l'été commençait à perler sur le front de nombreux joueurs alors que doucement je pris une légère inspiration avant de prendre la parole, mon premier discours à l'ensemble du groupe, lors de la préparation dans le jura, j'observai en laissant Steve conseiller et bouger les mollassons du groupe qui trainaient leur cul à l'arrière du groupe.

"Bon les gars... nous nous rendons à Istres, un club du sud de la France pour jouer un match amical... Alors oui ça change de l'est, oui ça change de la pluie, de l'accent Allemand des habitants, mais il est temps pour vous de découvrir la vie ! Là-bas nous serons héberger au camping municipal ! C'est pour ça que j'ai emmené avec moi une trentaine de sac de couchage, on dormira à la belle étoile, l'objectif premier de ce voyage est de souder le groupe ! Nous sommes plein de joueurs talentueux, des joueurs nouveaux ! Il est temps de mettre son égo de coté, de concilier et de travailler ensemble pour le bien de l'équipe, la montée en National passe par cette étape ! Avant toute chose, Stéphane viens voir, tu sera le capitaine de cette équipe, mon premier relais sur le terrain, je compte sur toi pour mener la troupe !"

Les regards se figent, des larmes commencent à s'inscruter dans les yeux des jeunes du groupe alors que le nouveau, l'espèce de Colombien qui s'appelle Antonio semble ne pas comprendre ce qui se passe... Pas d'interprète sous la main, il va avoir une semaine pour apprendre le français ce bougre !

"On va pas là-bas pour faire du tourisme, on aura une semaine pour préparer ce match contre Istres, j'espère que vous ne me décevrez pas !"

Après ce discours qui en a visiblement pris plus d'un par les triples, je sort de ma poche un CD et l'enfourche dans le lecteur.

Soudain la musique retenti !

"Moi je veux rester toute seule ! Sous leurs airs innocents..."

Tout le monde se fige, Said font en larme, en assistant à cette scène, je prends à nouveau les paroles.

"Tant que vous ne vous mettrez pas d'accord sur la musique, on écoutera Lory et si j'en vois un avec un Ipod, il ne jouera pas contre Istres !"

Puis je me cale au fond de mon fauteuil posant sur mes oreilles les écouteurs de mon ipod. Le regard malicieux de Steve se tourne alors vers moi comme pour me féliciter de cette prise de pouvoir.

Bobby était arrivé au club du FC Istres il y a deux semaines de cela. Il faisait beau là bas. Mais les gens parlaient une langue bizarre, puaient l’alcool, et étaient tous vieux avec des cannes.

Même ses gardiens, qui devaient s’occuper de lui, après qu’il ait été envoyé par son papa adoptif (enfin il fut son père pour moins d’une minute, vu qu’il est mort de joie le moment où il a appris qu’il avait la garde adoptive du petit Bobby. Le vieux avait près de 90 ans quand même), étaient vieux. Ils louaient une caravane toute pourrie à Bobby. Il fallait forcer la serrure toute rouillée pour y rentrer, mais maintenant Bobby avait pigé comment faire pour ouvrir la porte en moins de 15 secondes. Il le fallait pour échapper au chien mortel de ses gardiens, un beau pitbull assoiffé de sang appelé « Calin ».


Mais enfin, Bobby était venu pour jouer au foot, et à Istres il y avait un club. Le club était descendu l’année précédente à cause de leur plus mauvaise attaque. Bobby savait pourquoi :
-Un beau gosse marseillais, petit et gros. (Begeorgi dit Bouboule)
-Un grand sec arabe de 45 ans qui jouait comme un vieux (oua ! regarde ma technique, merde, il faut courir dans ce jeu ?) (Raïfi dit Rachitik)
- Une pute brésilienne toute rouillée (elle n’avait pas servie pendant des années, Santos dit la pute brésilienne)

C’était la concurrence de Bobby en attaque. Facile pour Bobby et ses jambes musclées. Le problème, c’est que Bobby pouvait marquer des buts, de n’importe où, mais il n’avait jamais joué au foot avant (« on utilise pas les mains. Non, lui il peut c’est le goal »/ « Bobby, hors jeu…putain hors jeu…et merde.. »/ « mais passe ton ballon bordel ! »), et vu qu’il ne parlait pas un mot de français, il ne savait pas ce qu’était une consigne de match. Pire, c’était un gosse de 16 ans qui piquait des crises comme…un gosse de 16 ans.

Le coach était bien embêté avant l’arrivée des schleus. Il avait quelques jours pour inculquer les règles du football à un gamin.

La causerie du coach avait fait son effet.
Au bout d'approximativement 28 secondes de Lorie, Cassard dégaina son Ipod, suivi bientôt de toute l'équipe. Moi j'étais encore trop pauvre pour avoir un Ipod, et c'est pas le genre d'objet que j'ai l'habitude de chourrer, vu que je fais dans le portefeuille, pas le high tech : tu récupères de l'argent liquide, ça laisse pas de trace. Et avec un peu de chance, la photo de la femme du propriétaire avec écrit "Pour mon amour à tout jamais" au dos, et ça met un peu de beurre dans les épinard le soir, quand tu te touches sous les draps parce que tu es trop seul dans un pays étranger.
Bref, n'ayant pas d'Ipod, mon voisin dans le bus, lui aussi un Hispanophone qui venait d'arriver dans l'équipe, Jaime Patagol, me donna un écouteur de son Ipod. C'était bien, il écoutait Manu Chao. Ce qui est bien avec Manu Chao, c'est que t'écoutes un album en boucle, t'as toujours l'impression d'écouter la même chanson. Imagines, avec les "Qué horas son mi corazon ?" et les "Me gusta la marijuana, me gustas tu" ou les "Me llaman el desaparecido", j'ai tenu jusqu'à l'aire d'autoroute de Montélimar-Nord, et ça fait une trotte.

Le coach avait pas apprécié que l'équipe se rebiffe, et on l'avait entendu gueuler à l'avant du bus et discuter avec le coach adjoint, un mec qui louche et qui a le tic désagréable de se lécher la lèvre supérieure entre chaque phrase. J'en étais arrivé à la conclusion que c'était un handicapé qui rentrait dans le quota de "moins-valides" que doivent avoir les entreprises de plus de 100 personnes.

Toujours est-il qu'à l'aire de Montélimar-Nord, tout le monde descend faire un pipi, manger un paquet de chips et, pour ma part, piquer discrétos le portefeuille d'un camionneur hollandais occupé à démouler un étronc dans les chiottes. Aucun effort à faire : il avait déposé son larfeuille sur le rebord de la porte (probablement pour être sûr de pas le salir en faisant sa besogne). Suffisait de courir vite.

Le bus se remit en route direction le stade Parsemain. Visiblement, on ne passerait au camping que pour dormir après le match. Tout devint plus bizarre, dès qu'on vit apparaître le panneau : "Département des Bouches-du-Rhône". Une sensation dure à décrire. Une odeur âcre, bizarre, qui prenait à la gorge. J'en fis part à Cassard.

"Bah non ducon, c'est Othon qu'a pété !" me dit-il.
Et moi qui croyait qu'il n'était bon qu'à chanter. Depuis le départ, il avait lancé des chants pendant plusieurs heures dans le bus, de "Vas-y chauffeur appuie sur le champignon" à "La Rirette" avant qu'il ne soit repris en choeur par la moitié de l'équipe.

L'arrivée dans les rues d'Istres fut conforme à cette sensation de tension qui monte. Le minibus commençait à être "escorté" par des hordes de piétons portant des écharpes du FC Istres et proférant des insultes à notre encontre. Quelques uns balancèrent même des pierres sur le bus. On les entendait chanter : "Ici c'est Istres, ici c'est Mars, les Teutons on vous nik votre race sur la Canebière"

Je ne comprenais pas tout mais j'observais avec étonnement que tous avaient le même accoutrement que Séid Khiter lors de notre première rencontre, ou que mes anciens coéquipiers de Stains : Tacchini-casquette à l'envers. Je fis la remarque à Khiter :

"Hé, l'immigré, t'as vou ? Les soupporters d'Istres ils s'habillent comme toi. Pétètre eux amis de toi ?"
"Non mais toi l'Espagnol j'vais te marrave ta race de ta mère...."

Khiter m'avait pris par le col. Mais la voix du chauffeur du bus nous interrompit :

"Messieurs, Terrrrminus, tout le monde descend. Nous sommes arrifés à destination. Stade Parsemain de Istres. Bon match à fous et vive l'Alsace"

Ah oui, le chauffeur, on l'avait recruté au départ, encore heureux.

Les supporters nous attendaient à la descente du bus, l'air peu amical et des parpaings à la main. Le coach décida de descendre le premier. Probablement pour montrer l'exemple...

Bobby récupère le ballon au milieu de terrain. Il a en face de lui 3 défenseurs. A sa gauche, Bouboule demande le ballon:
"Là, là, ballon, ballon, BALLOOOOOO.....!" avant de glisser et rouler par terre.
A sa droite, Rachitik est tout seul. Comme d’hab. Dans la vie c’est pareil.

Bobby ne réfléchit pas, le choix est évident.
Il frappe droit devant comme une mule. Les défenseurs bloquent mais tombent. La prochaine fois, ils se pousseront. Le ballon est à nouveau devant Bobby. Diawara (Fousseni, ah oui c’est moins impressionnant maintenant) court de l’autre côté. Bouboule sent le coup et part dans l’intervalle en demandant le ballon. Rachitik est démarqué. Dieu qu’il est affreux.

Le choix est évident, Bobby frappe comme une mule droit devant. Il n’y a plus de défenseurs. Il y a Bouboule.

« Bobby, faut vraiment que tu apprennes le français »
Pasqualetti, l’entraineur parlait avec Bobby en privé. On avait emmené Bouboule aux urgences pour une greffe de la testicule. Franchement, il avait pas eu de bol, parce qu'il avait glissé, roulé et le ballon l'avait frappé en plein dans les burnes. Il était déjà out pour le match amical.

Bobby regardait son entraineur avec des yeux, ce qui avait pour effet de l’énerver encore plus.
« ohfo, c p^qufc ^qov ur v,ÛRV AB¨PU¨TV¨T Gné gné gné !!!!!!!!!!»

Bobby ne comprenait pas un mot. Mais bordel, pourquoi on parlait pas comme le reste du monde en anglais ici ? la langue de God, bordel, c’est le langage de la Holy Bible quand même !

L’entraineur ne savait pas quoi faire. Oui, le gosse avait un potentiel. Il avait un viseur dans le pied, un bazooka dans les jambes, mais un pois chiche dans le cerveau. Il fallait trouver quelque chose pour arriver à communiquer. L’anglais ? Et puis quoi encore ? Ici, on est dans le sud, on va pas parler comme à Paris!

Soudain, c’était clair, Pasqualetti avait trouvé la solution…

La fin du trajet a été minable... Les joueurs n'ont rien écoutés, tous leurs ipods sur les oreilles, une petite gueulante n'a pas suffit, il est temps d'amener de la discipline dans ce groupe !

N'empêche que le chauffeur n'a pas voulu changer de disque quand les joueurs ont eu tous les écouteurs sur les oreilles et s'est même mis à bouger son gros doigts de chauffard au rythme quasi absent des chansons.

Arrivé à Istres, on est comme dans un pays hostile, ça me rappel mes études, je me souviens d'un documentaire sur le kosovo qui se passait ainsi, dehors des dizaines de jeunes et de poivrot armé d'écharpe aux couleurs de Istres (si si ça existe !), des projectiles sont lancés sur le bus... On se met légèrement sur nos gardes mais jeter des bouchons de bouteille en plastique ça n'a jamais cassé une vitre, à un moment on a crue quand une bouteille en verre est venu s'éclater sur le pare-brise, mais heureusement la bouteille a rebondit, surement que ce type avait la force du Bolivien qui joue en attaque chez nous.

Le bus s'arrête enfin, le chauffeur coupe enfin le CD de lorie et nous dit que c'est la fin, le stade du Parsemin se dresse devant nous, dehors c'est bagdad ! Des dizaines de supporters sont là, j'observe Steve et lui fait un signe de la tête puis je redresse le col de ma chemise et descends d'un pas ferme dehors le premier seul à la rencontre des locaux... Ils me dévisagent tous, profèrent des insultes en pagaille, mais une idée me vient, je me dirige rapidement vers une des malles du bus et sort une caisse lourde que je sors avec l'aide de Steve qui est descendu rapidement pour m'aider... Là j'observe la petite foule du regard et lance avec fermeté

"Dans cette malle, j'ai des cadeaux pour vous... Si vous rangez vos écharpes, je vous en donne, si je vous en donne vous nous supportez ce soir !"

Rapidement les gens semblent perdu comme déboussolé par ma prise de position, soudain je fais sauter le cadenas avec un coup de pied, une vieille malle poussiéreuse, aussi vieille que Cassard ! A l'intérieur, une mine d'or, un paradis pour ses supporters, des canettes de bières à ne plus savoir qu'en faire, Steve en prends et fais la distribution, les écharpes de Istres s'envolent ou se rangeant dans les manteaux et rapidement un supporter d'une cinquantaine d'année se met à hurler "Allez les Schleu !"... Bon ils sont pas si docile mais pas très fut-fut.

Je monte rapidement dans le bus et observe la troupe, certains salivaient sur les canettes sauf Séid
"Moi je bois pas de bière c'est dans ma r'ligion"...

Mon regard se pose sceptique sur lui... puis je leur fais signe de descendre.

Là, la masse se met à descendre et observe les supporters qui s'en vont chacun avec une bière, mon regard se pose sur Steve, un homme grassouillet d'une quarantaine d'année... La malle se referme, les joueurs me regardent incrédule... Je prends à nouveau la parole

"Jouez bien ce soir et ça sera votre cadeau au camping !".

Puis, les joueurs se dirigent vers les malles pour prendre leurs sacs de sport individuel, mon regard noir se pose sur Cassard qui comprends immédiatement qu'il est corvée de prendre les ballons, Steve se met à porter la malle contenant les tenus du match avec Stéphane Pichot qui chante à tue-tête du Johnny !

Je m'occupe de prendre avec Séid la malle à bière, puisqu'il ne boit pas, aucun risque avec ce type.

Le coach avait réussi un joli tour de passe-passe. De la bière aux supporters adverses en échange de leurs encouragements. L'homme est vil et corruptible. Surtout avec de l'alcool en jeu.

Le bus nous avait laissé sur le parking, il fallait donc qu'on parcoure 500 bons mètres pour rejoindre les vestiaires du stade. Heureusement que le coach avait eu cette brillante idée, histoire qu'on soit pas lâchés au milieu des sauvages qui nous auraient coupé en 12000 morceaux. M'enfin, malgré cet approvisionnement en alcool, on m'enlèvera pas de l'esprit que ces supporters-là étaient quand même bizarres. T'en avais qui dealaient du gazon dans un coin. D'autres qui chantaient à tue-tête : "Paris, Paris, on t'enc....". Ce qui, au passage, m'intrigua. JE posais la question du pourquoi ce chant à Stéphane Pichot, un des vétérans du vestiaire.

"Hé Stéphané, pourquoi lé soupporters ils chanté : "Parisse, Parisse, on t'encoule ?" C'est pour Parisse Hiltonne ?"

Pichot me dévisagea pendant près de deux minutes, avant de secouer la tête de dépit et de continuer son chemin. Visiblement, il avait pas du comprendre la question. Fallait vraiment que je travaille mon accent.

Plus on avançait et plus les supporters étaient bizarres. Y'avait même une femme à barbe, au milieu de tout ce tohu-bohut. Et plus on avançait plus je voyais que mes coéquipiers étaient aussi surpris que moi. Certains avaient même un peu la trouille à vrai dire. J'en profitai pour tenter une blague qui détendrait à coup sûr l'atmosphère :

"Hé Coach adjoint ! T'as vou les soupporters de Istrés, ils sont bizarres hein? Yé me disais : yé souis soure que Steve, lé coach adjoint, il était soupporter de Istrés avant !"
"Et toi le gitan, t'étais supporter de ta mère ?"
"Ah non, coach adjoint, moi y'été lé fils de ma mère !" répondis-je, tout heureux d'avoir éclairci les doutes du coach adjoint.

M'enfin, il me tira une tronche de six pieds de longs et fit le même mouvement de gauche à droite avec sa tête que Pichot quelques minutes avant. Pas beaucoup d'humour les Alsaciens visiblement. Mais en parlant de surprise, celle du coach fut plus grande encore quand un supporter l'interpella :

"Hé ! Monsieur Marquet ? Un autographe siouplait !"

C'était quand même fou qu'à l'autre bout de la France on connaisse ce coach alors que quand le président l'a choisi, toute l'équipe s'est demandé qui c'était ce mec qui n'avait jamais entraîné. Enfin, c'est ce que racontait Cassard dans le bus.
Et à en croire la tête du coach, il était aussi surpris que nous tous.

Mais au moment d'enfin franchir le pas de la porte du stade, la surprise fut telle que ce fut une sorte de cerise sur le gâteau. Un type bedonnant d'une quarantaine d'année, un chapeau de cow boy à la main, était jonché sur une vieille caisse en fer et surplombait de la sorte la foule des badauds. Une foule que le type en question haranguait sans cesse au son de :

"Mesdames, messieurs ! Approchez-vous et participez à la grande collecte de fonds pour Bobby le fils du Gode qui craint dégun !"

Comment un gode pouvait-il avoir un fils ?
A se demander si on était pas sur une autre planète...

Les joueurs semblaient rentrer dans leur caboche que la discipline est nécessaire, nous marchions ensemble telle une meute de loup enragés avec le calme en plus et les dents en moins, à part peut-être celle de Pichot, enfin elles sont tellement jaune qu'on ne les voient plus... Une bonne arme pour déstabilisé les ailiers gauches adverses, faudrait que je lui demande de sourire sur le terrain plus souvent.

Des individus bizarre jonche sur notre passage, une semi-femme (mélange de Cazapueblo et de Paris Hilton) la moustache en plus puis au détour d'une voiture, une Renault 5 surement celle du coach de Istres, un supporters se rue vers moi

"Hé ! Monsieur Marquet ? Un autographe siouplait !"

Je l'observe, stupéfait, la moitié des supporters Strasbourgeois ne connaissent même pas mon nom et un mec ici à 800km connait mon nom ! Remplis de méfiance et de crainte je signe l'autographe, je l'observe fixement lâchant un sourire perplexe, puis je remarque sous son écharpe l'écusson du club de Caen, surpris je lâche le stylo !

"Je me souviens d'toi, on jouait ensemble à Caen..."

Et voilà mon premier fan, j'ai aucun souvenir de lui, il me ramasse mon stylo, je lache un sourire à peine forcé et lui lance ses quelques mots

"Je compte sur toi pour nous supporter ce soir."

Le "supporter" affiche un énorme sourire et s'en va tout fière de voir mon nom sur son calepin à coté des grands noms du football Istréens ! Xavier Gravelaine, Franck Dumas, un carnet de star donc !

Je fais un signe de la tête au groupe pour continuer l'avancée, on arrive à la porte, un type, une sorte de texan des campagnes Française nous demande une collecte pour un fils de Bonne... J'ai rien compris avec son accent, j'y prête pas attention, j'observe Pichot et Cazapueblo qui s'arrêtent devant lui l'air béat... Visiblement surpris de voir ce bouseux ici... Un léger rictus moqueur se pose sur mon visage... Steve parle rapidement au gardien du stade qui nous donne l'autorisation d'entrée.

Quelques minutes de marche dans le couloir, puis au détour d'un une porte avec inscrit sur un bout de papier Bleu au marquer Rouge (Visiteur : Straksbourg)... En plus d'être beauf, ils sont illettrés ici... Je pousse la porte et observe ce vestiaire, une odeur d'amoniac s'échappe, mon regard se pose sur Sikimic, cet odeur, c'était la même lorsqu'il nous a ramener une tarte fait par sa maman de Serbie à la reprise de l'entrainement y'a une dizaine de jours... Je rentre et lâche le malle de bière et en même temps Khiter qui s'écroule avec... Le reste du groupe rentre, Cassard se met à renifler et me regarde fixement

"Coach, ça pue ici, ou c'est moi ?"

Khiter se relève et prends la parole

"Wesh ça pue ta reum oué !"

En tout cas ici ça sent pas l'amour, je m'approche du tableau tactique, ça va être mon premier match en tant que coach... Je pose mon sac de sport à coté et touche le bord du tableau avant de me retourner et observer Cazapueblo en train de renifler la main de Pichot, pourquoi ? j'en sais rien moi, j'ai déjà assez à m'occuper pour pas surveiller l'autre Bolivien !

Je me pose rapidement sur le banc, les bras croisés et j'observe le groupe qui prends place, Khiter se pose en face et son regard se ferme, il sort de son sac une chaussette et se met à penser à voix haute...

"D'abord la jambe gauche, toujours...
Puis la jambe droite, toujours...
Puis une gorgée de Volvic... Toujours..."

Je ferme les yeux un instant comme désespéré par la situation...

Pasqualetti était un grand fan de comédies françaises, un défaut comme un autre. Son film préféré étant "les collègues". Un film du sud où on découvrait les talents d'acteur du grand et sous-estimé Albert Cantona. Avec des références comme celles-ci, on comprend mieux l'homme, et on comprend mieux ses résultats sportifs en tant qu'entraineur. Il se rappelait l'une de ses scènes préférées, celles avec Igor Frigoune. Ce gardien mythique à qui il fallait donner 27 doses de Ricard pour le faire décoller. La voilà la solution, il fallait faire boire le jeune ricain!

C'est donc armé d'une belle bouteille de pastis et de sa carafe pour les occasions spéciales que le coach avait donné rendez vous après l'entrainement au jeune Bobby.
-Gamin, bois ça. C'est bon pour toi!
-What the fuck is that?
-Bois ça, là comme ça, et ajoutant le geste à la parole, Pasqualetti s'enfila le verre. MMmm, trop diluée, il faut que je donne au moins un bon Ricard au gamin, sinon, ça va foirer toute l'expérience!
Donc, pas besoin d'être devin pour comprendre comment a fini l'histoire.

Bobby quitta son entraineur, ivre sous la table, la bouteille de Ricard vide. Il n'avait pas compris pourquoi son entraineur s'était saoûlé devant lui. Il ne comprenait surtout pas comment on pouvait boire ce truc blanc immonde qui puait les plantes. God avait créé le Coca Cola, c'était noir, la bonne couleur pour la boisson.

Evidemment, avec une gueule de bois pareil, l'entrainement fut annulé pour le jour suivant, soit le jour d'avant match...Et Bobby continuait à tirer le ballon comme un pro, mais jouait comme une merde.

Mais par un hasard inouï (ou plutôt un raccourci scénaristique lénifiant), lorsque Pasqualetti était venu reprendre son dvd des collègues (il y a plein de discours de motivation digne des plus grands psychologues. Il les recopiait secrètement et les réutilisait. D'où la relégation la saison précédente), il trouva à la place, le DVD de Shaolin Soccer. Comment, pourquoi? Qui sait? peut être God.
Mais Pasqualetti eut une révélation quand il vit le chinois (Sing, pour ceux qui connaissent) marquer des buts du milieu de terrain.
Il fit montrer le film à toute l'équipe et Bobby comprit comment jouer et comment marquer des buts. Ce film fut comme une révélation pour lui, tout ces mouvements, ces frappes, ces arrêts...c'était donc ça le vrai soccer! Incroyable!

Bobby allait jouer son premier match de soccer dans quelques heures.. Il y avait tellement de choses nouvelles à apprendre, mais c'était fascinant.
Pasqualetti avait soudainement pris la parole.
-Gamin, je sais comment on va faire pour t'apprendre à jouer au foot...Bobby.tu vas apprendre le kung fu!

Silence dans la salle. L'équipe se préparait pour une nouvelle saison de galère.

Il faut bien le dire, le vestiaire puait le chat écrasé depuis 10 jours au bord d'une départementale de l'Ain.
"Yé yamais rien senti qui pouait autant dépuis lé sexe de Zahia au Zaman" lâchais-je en me bouchant le nez dans une imitation réussie de Milan Baros, mais sans arrière-pensée raciste à la différence du tchèque.
"Ah ouais ? rigolait Cassard. Bah attends, on va te trouver un truc qui pue davantage encore. Stéph', vas-y fais lui humer"
"Tiens, renifle le Gitous"

Pichot me tendit son index droit. Je reniflai et fus pris d'une sensation d'étouffement. Une saveur âcre dans la gorge. Sans aucun doute, ça puait encore plus que le vestiaire et que Zahia réunis.

"Mais ça poue ton doigt ! Qu'est-ce que t'as fait ? Tou l'as trempé dans oune brique dé vin rouge dé Carréfour ou quoi ?"
"Non. Je viens de faire un toucher rectal à notre bien-aimé capitaine Cassard" sourit Pichot, l'air innocent.

Il ne me restait plus qu'à prier pour que ce ne soit pas une sorte de bizutage qu'on imposait aux nouveaux dans cette équipe. Et maintenant que j'y pensais, fallait dorénavant que je pense bien à aller me doucher que quand Cassard et Pichot auraient fini de prendre leur douche.

L'adjoint du coach, Steve, celui qui louche et qui bave, nous invita à nous mettre en tenue en silence pour mieux se concentrer. Peine perdue, Séid Khiter, mon copain l'immigré, brisa le silence tout en s'habillant :

"D'abord la jambe gauche, toujours...
Puis la jambe droite, toujours...
Puis une gorgée de Volvic... Toujours..."

Le coach Marquet émis un soupir désespéré. Voulant détendre l'atmosphère une fois de plus, j'intervins :

"Hé l'immigré ! Tou té pris pour Zidané ou quoi ? Rémarque, vous vénez dou même pays tous les déux"

Khiter me regarda et me jeta sa chaussure à crampons depuis sa position, à l'autre bout du vestiaire. Grâce à un réflexe digne de Gaétan Huard, j'évitai in extremis d'être heurté par le missile en baissant la tête. Le coach adjoint intervint :

"C'est pas un fini ce boxon là ?
"Pardon coach, mais yé crois qué l'immigré il a dou sé rappeler ses origines et il m'a pris pour Jorge Bouche"

Eclat de rire général dans le vestiaire. Ils avaient du apprécier la blague. Le coach nous dit d'aller nous échauffer sur la pelouse, qu'il nous expliquerait le schéma tactique au retour de l'échauffement. Probablement pour nous garder concentrés le plus de temps possible. Cela dit, pas facile de garder concentrés cette bande d'énergumènes...

En pénétrant sur la pelouse pour faire le guignol avec des étirements venus d'ailleurs et simuler qu'on nageait la brasse sur gazon, j'aperçus près des bancs de touche le gros bizarre qui était à l'entrée du stade quelques minutes auparavant, avec son chapeau de cow boy. Ce coup-ci, il haranguait les tribunes avec un micro. Ca donnait l'impression que c'était le speaker du stade. Il avait toujours son gros ventre, son T-Shirt : "51 je t'aime, j'en boirais des tonneaux", et son chapeau de cow-boy à la main. Il braillait de plus belle :

"Mesdames, messieurs. Bienvenue au stade Parsemain. Participez à la grande quête réalisée en l'honneur de notre nouvel attaquant américain Bobby Bobb, le seul et l'unique fils DU GODE qui craint dégun !!!!!"

Décidément, je ne comprenais pas comment un Gode pouvait avoir un fils et donc se reproduire. Mystère de la génétique...
Ce fut plus mystérieux encore quand j'aperçus un petit noir avec des fringues trois tailles trop grandes pour lui s'approcher du mec en question en marmonnant des insultes en anglais...

Francesco s'était rendu tranquillement à Istres. Il espérait enfin voir (et coucher avec) la femme de sa vie, Jessica, rencontrée sur Chatroulette. Comme quoi le hasard (et la perversion) font bien les choses... Il comptait également poser son sac dans la caravane aménagée par les parents de Jessica pour le couple qui ne s'était jusqu'alors vu qu'en photographie, et découvrir son futur lieu de vie. Il songeait d'ailleurs le faire lorsqu'il arriva devant la demeure familiale et qu'il vit deux jumelles plus moches l'une que l'autre, sans doute les soeurs de Jessica... Il comptait leur demander précisément où était Jessica quand on le prit par le colback pour le ramener dans une voiture.
S'inspirant du film Se7en qui prétend qu'il faut mieux crier "au feu" qu'"au secours" pour voir les secours arriver, Francesco hurla "au feu", croyant être kidnappé. Quelques ricanements, mais il ne réussira à arracher rien d'autre de la part des voisins.
Dans la voiture, le conducteur daigna enfin lui adresser la parole après quelques minutes...
-"Tu parles français ?"
-"Ba oui connard, si j'ai crié "au feu" c'est que je parle français. Puis j'prépare une thèse en physique quantique et en français de surcroît, c'est pas pour rien..."
-"Hum... Si tu commences par insulter le coach de connard, tu vas pas jouer beaucoup mon gaillard"
-"Vous êtes le... Coach ?"
-"Non, l'adjoint... Et j'aime autant te dire qu'il valait mieux pour toi que je ne sois pas le coach, tu aurais pu faire tes valises..."
-"Mais pourquoi vous venez me chercher, on a entraînement ?"
-"Mieux, on a match. Contre Strasbourg. En amical".

On ne sait guère pourquoi, mais Francesco ne dira rien ce jour-là. Là où habituellement il aurait hurlé qu'un match amical face à Strasbourg, il s'en tamponnait, et qu'il voulait titiller de la fourrure chez Jessica. Il n'en pensait cependant pas moins...

L'entraîneur adjoint lui distillait des conseils, lui disait qu'il fallait miser sur la vitesse et la frappe d'une nouvelle recrue, un numéro 9... Du charabia. Francesco est un "fuoriclasse", il joue à l'instinct.

Arrivé dans le vestiaire, une chose choqua Francesco...
-"Excusez-moi, on est en France ou en Afrique ? C'est quoi tous ces singes ?"

Francesco n'était pas raciste, non... Si tous ses bouquins lui avaient permis de découvrir la physique quantique et le français, il n'avait jamais rencontré, au Monténégro, de personne de couleur noire... Et là, se dressait devant lui un américain plus noir que l'ébène en train de gesticuler...

La dernière blague du Colombien poussa le vestiaire dans un rire qui ne fut qu'etouffer par la lourde voix de Steve qui tentait de calmer les esprits... Enerver, Said Khiter plus adroit des mains que des pieds se met à récupérer son crampon et d'un seul geste du pied enfourche son pied dedans sans dénouer ni renouer les lacets ! Un truc de djeunes s'exclame Cassard... Rapidement j'envoie le petit monde à l'échauffement...

Quelques minutes plus tard nous voilà sur la pelouse, je lâche quelques ballons pour les joueurs et observe l'équipe adverse, leur attaque a l'air inédite, je les connais pas ces types, un black qui insulte la balle à chaque fois qu'elle s'approche et un italien surement, fin il suffit de voir son look qui passe son temps à remettre ses cheveux derrière ses oreilles... Je regarde Steve et lui parle doucement .

"Hé Steve, tu connais ces deux là ?
-Je crois que c'est leurs derniers joueurs.
-Ils sont bon ?
-Je sais pas, si j'étais coach ça se serait...".

Je l'observe, sa réponse me remplissait d'incompréhension... J'observe ces deux joueurs à l'entraînement, le rital avait l'air douer techniquement, l'autre était un buffle, ça promet... J'observe ma défense, Pichot se cure les dents, Cassard se brosse les poils de bras et Sikimic essaie de parler avec Patagol, mais parler du Serbe à un péruvien c'est comme-ci j'expliquais à Pichot à quoi sert une douche... Peine perdu...

Rapidement, je me dirige vers le banc et observe les joueurs, je pousse une petite gueulante pour les mobiliser, puis au bout de quelques secondes j'ôte le bas de mon survêtement pour laisser apparaître mon short et l'énorme cicatrice sur mes genoux... Je me dirige vers le terrain et trottine autour de la surface de but, quelques bonds sur cette ligne, tout semble allez pour le mieux, je participe rapidement à un taureau avec l'ensemble de la défense et Cazapueblo qui cours dans le vide au milieu, je retrouve mes sensations, ça fait du bien de toucher le ballon...

La tension montait. Cela pouvait se sentir dans la salle. Diawara. Encore lui. Il supporte mal la pression. Son sphincter encore moins.
Le coach donnait ses consignes : du coeur les gars! pasque vous avez rien d'autre! Donnez tout sur le terrain!
-Diawara, t'as comprich? le premiech qui pache à côté, tu donnes touch! lance alors la brésilienne, hilare.
Bobby regarde en boucle Shaolin Soccer. Il doit apprendre la technique. Il se concentre, analyse, il semble si proche de trouver la clé...Quand le lecteur portable de DVD s'arrête soudainement.
-WHAT THE FUCK??? crie Bobby en lançant le lecteur contre le mur.
Tout le monde se retourne et voit un autre gamin, bien coiffé, qui avait marché sur le cordon d'alimentation. Apparemment, le cordon ne lui avait pas demandé la permission d'être sur son chemin.
Qui est ce gamin? le premier reflexe est de se dire: Encore un gosse de Rachitik. Ben oui, Raïfi doit bien avoir 45 ans et 20 gosses. Mais le nouvel inconnu ne peut pas être issu de son ADN, il a l'air d'un être humain et pas d'un golem comme son père. Bref, il a une belle gueule.
Sentant tout les regards posés sur lui, le jeune gamin sourit et dit:
-Yé soui Cesco Piatoni! Votre meilleur joueur. Vous pouvez regarder, mais on ne touche pas la star.
Bobby ne comprenait rien, mais avait une furieuse envie de lui foutre son poing dans la gueule.
Le coach intervient et dit: Oui voilà notre dernière recrue. Il sera notre nouveau milieu offensif, on l'a pris parce qu'il a deux pieds et dans notre équipe, ce n'est pas du luxe.
Chedli se sentit visé. Il n'allait pas jouer aujourd'hui. Il retira sa prothèse. Putain de rital avec ses deux jambes.

L'équipe entre dans le couloir quand un étrange personnage avec un grand chapeau essaie de vendre des Tshirt de...Bobby Bobb!
A la vue du jeune américain, le visage du vendeur s'ébloui! Il lance en l'air ses Tshirts et se jette dans sa direction.
-BOBBY!BOBBY!!! FILS DU GODE!
Woah, déjà un converti, tant mieux, Bobby en aura besoin dans sa quête de gloire. Tout le monde rigole, les fuckeheads, ils ne savent qui est GOD!
-FEUQIOU!
-Wait, what? pensa Bobby...Est-ce qu'il a bien dit...
-BOOOOBY? BOOOOBY? FEUQIOUEU FEUQIOUEU! BOOOOBY FEUQIOU TOU!!!
Fuck, l'abruti de la radio.
Et c'est ainsi que Bobby commenca son premier match professionnel. Par un magistral coup de tête. Seulement ce n'était pas dans le ballon mais dans la tête d'un journaliste. Certains ont attendu des années avant de faire ça. Bobby était en avance sur tout. Ca allait être une (mauvaise) habitude.

Le petit Noir (non, pas Arnold de Arnold et Willie, celui d'Istres), venait de mettre un coup de boule au speaker qui saignait du nez. Le silence se fit dans le stade. Jusqu'à ce que le speaker, après avoir marqué sa stupéfaction et être resté bouche bée, se releva lentement puis s'exclama :

"Je suis comme Pascal Praud maintenant ! Je suis comme Pascal Praud ! Finie la radio pourrave et le stade de campagne ! A moi TF1 ! A moi TF1 ! Merci Bobby, fank you ! Euh pardon Feuckiou ! Feuckiou ! Allez, tous avec moi : Feuckiou le fils du Gode ! Feuckiou le fils du gode ! TF1 !TF1!"

Et le tout dans le micro bien sûr. Je comprenais bien ni le français ni le marseillais, donc j'avais pas tout saisi. Tout ce que je savais c'est que le coup d'envoi allait bientôt être donné et que le coach m'avait mis titulaire. Faut dire que sa causerie avait été brève et directe. Il nous avait dit qu'on jouait en 1-2-3-1-2 évoluable en 2-5-1-1-1 si on menait avant la 23e minute, et en 3-1-1-2-3 si on menait après la 28e minute. Moi j'avais compris, mais pas Pichot visiblement, qui avait pourtant beaucoup plus d'expérience que moi : il avait été coaché par coach Vahid. Alors si tu comprends Vahid, tu comprends Marquet. C'est comme si après être passé par Fauchon, tu comprends pas les rayons du Super U, les nouveaux commerçants en moins...

Enfin ouais, Pichot avait pas tout compris et m'avait longuement dévisagé quand j'avais approuvé de la tête les consignes du coach. Du coup, alors qu'on est là, dans le rond central, Fauvergue et moi, prêts à donner le coup d'envoi, Pichot court vers moi :

"Hé toi, le Gitous ! T'as compris les consignes du coach ou quoi ? Parce que moi j'ai rien pigé. Et je me suis dit, sûrement qu'il l'a donné dans une autre langue, peut-être en gitan, et que le Gitous il a pigé. Alors, on joue comment ?
- Toi tou joue derrière et tou fais passes à Gitous. Gitous prendré ballons et faire boutes. Toi compris ?"

Pichot avait l'air médusé. Il se replaça, désabusé. Ce qui me permit de revenir à mon problème du moment : comment allait-on faire le coup d'envoi ?

"Hé Fobergué ! Comment on fait pour lé coup d'enboi ? Yé vé diré : yé poussé lé ballon et toi tou fé la passe ou toi tou poussé lé ballon et moi yé marque boute directé ?"

Fauvergue sourit. Pas comme l'attaquant adverse qui était en face de moi, de l'autre côté du rond central. Un mec avec une tête de Rital, le cheveu gominé, mais pas comme chez moi en Andalousie où c'est les hommes avec de grosses cojones qui se gominent la toison. Non, là c'était un espèce de faux cheveu blond, avec de fausses mèches à la con qui bouclent, et que le mec arrêtait pas de toucher sans s'arrêter tout en me regardant avec un air mi-défiant mi-envieux.

"Hé toi ! Moi yé soui pas oune tapette, hé ? Tou mé régarde pas commé ça en té touchant les cheuveux ! T'as qu'à encouler ton copain Feuckiou là !"

Le coup de sifflet retentit.

"La tactique du jour est simple ! On mouve selon l'attitude de l'équipe, on se repli derrière quand ils ont le ballon, puis on attaque en restant grouper quand on a le ballon, regarde sur le schéma là, tu fais comme ça"

Je montre du bout des doigts le symbole qui représente Khiter, je lui dessine un schéma à suivre sur le tableau, il me regarde l'air abruti, ça change pas de d'habitude mais bon

"Je dessine sur le tableau ?"

Cassard m'interrompt avant même que je n'ai le temps de m'emporter contre Séid

"Hé Coach, je joue où moi
-Tu veux jouer où ?
-Bé je sais pas
-Bé t'es gardien non, je vais pas te foutre en pointe ! "

L'arbitre siffle, c'est l'heure de rentrer sur le terrain, Cassard enfile son brassard, Kither lui son cache oreille, son regard se ferme, il semble concentré, ça fait plaisir à voir... Mais avant même que le sentiment de joie intérieur s'empare totalement de moi, un bruit foireux s'émane du groupe de joueur et la tête de Kither se relace, il pousse un cri de soulagement et fonce vers le stade, Pichot à la traine profite de l'odeur de cette flatulence foireuse, alors que le Colombien de l'attaque regarde partout autour de lui si il a bien compris où il va.

Les joueurs rentrent sur le terrain, poignée de main protocolaire avec l'arbitre et le coach adverse, puis je prends place sur le banc, Steve se pose à mes cotés tout comme Jaime qui me regarde

"Coach, yé fé quoi moi ?"

Je l'observe cherchant une occupation pour lui, c'est un chic type, un peu con sur les bords, mais au moins il fait pas chier le monde lui... Steve me regarde l'air ahuri alors que je désigne du doigts la ligne de touche.

"Tu va faire ramasseur de balle, tu va voir, ça va te permettre d'endurcir ton physique...
-Coach, yé rien pigé !
-Steve explique lui"

Un Steve dans son équipe c'est pratique, un Steve ça fait tout le sale boulot comme couper le citron, parler Espagnol et porter les sacs de ballons au contraire d'un Pichot qui en plus de son odeur ne donne pas un pet de coup de main.

Je pose mon regard sur le terrain et donne les dernières consignes à Gargorov, je lui montre en croisant les mains dans tout les sens son attitude à avoir pour passer dans le dos de la défense, puis je montre le numéro 9 à Fauvergue, c'est une tactique qu'on a longuement travailler à l'entraînement, vous allez voir, ça va pailler durant le match... Et pour une fois, je démarre sur le banc, il est temps de voir les joueurs à l'oeuvre, Sikimic et Pelé en défense, Banning pour les aider, c'est pas le Pérou mais ça peut le faire contre le "fils du Gode", drôle de nom pour ce type...

Pelé m'appel de son poste de défenseur central

"Hé coach, c'est lequel le fils de gode ? Y'a rien marquer sur leur maillot, je fais comment pour le marquer ?"

J'observe alors ce joueur, c'est leur "attaquant vedette" m'as dit un journaliste local croisé en rentrant sur le stade.

"C'est le petit black !"

Steeven regarde le terrain puis se tourne vers moi

"Mais Coach ! Ils sont presque tous black !"

C'est qu'il avait pas tord le bougre... J'observe son numéro et fais le signe 9 à Steeven, il acquiesce de la tête et une fois l'engagement donné il fonce au marquage du 6... C'est pas gagner !

Finalement, le kiné était venu me dire que certaines choses ne se disait pas...
-"Bon, Cesco, moi je suis d'accord avec toi, y a plein, y a trop même, de noirs en France, mais bon, c'est pas des choses qui se disent ici, sinon ils vont te traiter de raciste, et ça va mal se passer pour toi".

J'avais horreur qu'on me parle comme à un gamin de neuf ans qui ne pouvait rien comprendre. Je me serais fait un plaisir de le lui faire comprendre, mais il fallait entrer dans le moule discrètement, en ce début de carrière. Mon compagnon de la pointe de l'attaque venait de mettre un sacré coup au speaker, ça commence bien me disais-je. Heureusement que je ne joue pas en défense, car le moindre brin à l'entraînement aurait pu déclencher de vives réactions de sa part. Il aurait même pu s'en prendre à ma crinière ce débile.

L'entraîneur vint me voir, et me donna mon maillot, avec le numéro 14...
-"Ma qué, doit y avoir un problème... Jé joue numéro 10 moi, et je porte le numéro 23, mais le 14 qu'est-ce que c'est que ça ?"
-"Pour les matchs amicaux, on ne respecte pas les vrais numéros, on met les numéros de 1 à 11, ça économise du flocage car avec votre manie d'avoir 2 chiffres par numéro, on s'en sort plus..."
-"De 1 à 11, pourquoi j'ai le 14 moi alors ?"
-"Tu es remplaçant, Cesco"

C'en était trop pour moi...

"-Attends, vous venez me chercher alors que j'allais enfin pouvoir sauter ma copine que j'ai jamais vue en vrai, et tout ça pour quoi ? Être remplaçant dans un match amical face à Strasbourg ? C'est une blague ?"

L'entraîneur poussa un soupir et posa le numéro 14 sur mes genoux. Je faisais l'entraînement de manière nonchalante, me contentant d'échauffer le gardien en lui envoyant des patates dans sa lucarne.

Et puis le coach revint vers moi...

-"Cesco, la donne a changé. Un des attaquants ne peut pas jouer. Tu joues titulaire. Aucune consigne, tu presses haut, et tu n'hésites pas à tirer, d'accord ?"

Ca commençait déjà mal pour cet entraîneur... Non seulement, il m'empêchait de baiser, puis il me mettait remplaçant, et enfin il me donnait des ordres.
Va fan culo, bastardo... Je me contentai de le penser... La démonstration allait venir sur le terrain.

L'engagement allait s'effectuer, un espèce de manouche me fixait du regard. Le pauvre, il n'avait jamais dû voir quelqu'un d'aussi beau et propre depuis qu'il était né. Tous les manouches sont sales, c'est connu. Et moches. De surcroît, il m'agressait, mais je ne comprenais rien à son charabia. J'avais juste repéré l'odeur nauséabonde émanant de son museau lorsque j'ai dû lui serrer la main pendant le protocole d'avant match. J'avais dû entrer sur le terrain en tenant la main d'un petit. En serrant la main de l'arbitre, je lui ai glissé à l'oreille qu'on aurait pu mettre Emile Louis pour entrer avec les gamins. Il n'a pas apprécié et m'a mis illico presto un carton jaune. Un détail simplement. Je me devais de répondre au manouche.

-"Rentre dans ta caravane, ici on te comprend pas !"

Le coup d'envoi enfin!
Le nouveau poster boy de L'Oréal passa la balle à Bobby. Avant même de recevoir le ballon, voilà l'autre qui dit:
-Passe la balla, passe la balla, passe la balla, enculo!Mais passe! yé soui tout seul! démalqué! mais passe, passe, passe enculo! tout en courant tout autour de Bobby, sans s'arrêter.
Bobby fit mine de se concentrer. C'était le moment, le grand moment. Il vit son coach faire de grands gestes. Il vit le stade s'emporter. Il vit les adversaires, sans réaction, regardant leur coach pour demander des consignes. Il vit un manouche embrasser sa croix qu'il avait dû chourrave sur le cadavre de son cousin. Il sentit l'excitation monter en lui. C'était donc ça, le football?
Alors Bobby fit la seule chose qu'il savait faire au football, il tapa dans le ballon. Fort. Droit devant lui. (sans effet, il n'est pas encore là)
Un frisson parcoura l'ensemble du stade lorsque la balle alla mourir sur la barre transversale!
-MARC LANDERS, sors de ce corps! entendit-on dans le stade.
Après quelque secondes de silence, le stade se mit à reprendre en coeur:
BOOOBY, BOOOBY, FEUKIOU, FEUKIOUUUUUUUUUUU! le speaker au chapeau de cowboy et au nez cassé harangant la foule et vendant ses tshirts à la pelle.

Le nouveau chevelu se mit à gueuler sur Bobby, ce dernier n'ayant aucunes idées de quoi il pouvait parler, à part que cela ne devait pas être gentil. L'italien se reprit quand il se rendit qu'il venait de se décoiffer sous la colère.
Un petit bouseux tout crasseux, qui devait sûrement planquer un couteau papillon sous ses protège tibias s'approcha du duo d'attaquants, l'air tout fier. Les hostilités allaient enfin être lancées!

"HAHAHAHHAHAHAHAHA ! On dirait Lorel et Hardy mais au lio d'être oune gros y oune péti c'est oune noir et oune italienne ! Dis donc toi, t'es resté au soleil trop longtemps ou quoi pour être bronzé commé ça et pas savoir viser oune bute de foote dé 7 mètres sur 2 dépouis le point dé pénalty ? Non parcé qué yé cherche oune crème solaire, et yé voudrais pas me tromper comme toi quand yé choisirai"

Le petit nègre d'Istres (bon OK là tout de suite vous arrivez pas à l'identifier : on va dire celui qui joue attaquant) venait de tuer un pigeon alors qu'il s'était retrouvé seul au point de penalty, la défense ayant décidé de jouer au Monopoly plutôt que de défendre.
Et quand je dis tuer un pigeon, c'est pas une blague, c'est vraiment tuer un pigeon. La pauvre bête tomba inerte au bord de la surface des 6 mètres de Cassard et Pichot ne put ranimer le volatile, malgré un effréné bouche à bouche puis un massage cardiaque effectué devant un stade qui en restait bouche bée.

"Hé ! Gitous ! Je te le garde si tu veux pour dîner ce soir ! Ca te rappelera ton enfance !" me lança Cassard, visiblement pas aussi triste que Pichot de la mort de l'oiseau. A ce qu'on m'a dit après le match Pichot était de ceux qui croyaient que les animaux avaient une âme comme les plantes et les humains et qu'il fallait tout faire pour qu'ils ne meurent pas. Encore un qui sait pas ce que c'est un bon Chorizo fris ruisselant d'huile au milieu d'une paella...

Moi j'étais trop occupé à comprendre pourquoi le fils du Gode avait eu cette occasion. C'était incroyable que le Rital d'Istres ait pu se faufiler comme ça dans notre défense, comme si c'était Messi. A la différence qu'il n'avait pas eu besoin de dribbler. Heureusement, vu qu'à mon avis, il savait pas faire. Déjà que quand il marche on dirait qu'il fait un effort surhumain pour mettre un pied devant l'autre. On dirait un mec qui a une jambe plus courte que l'autre, mais avec un short et des crampons. En le voyant balle au pied, je pouvais pas m'empêcher de penser que personne m'avait averti que c'était un match de handi-foot auquel on était venu participer. Si j'avais su je me serai attaché le bras droit dans le dos...

Bref, du coup, suite à cette analyse tactique pointue, je vais voir le coach, qui accessoirement est aussi le libéro de l'équipe. Entraîner ou jouer, faut choisir ? Oui je sais, mais à Strasbourg c'est pas comme ça. Tu me diras, ça réduit le risque de conflit entre coach et joueur, vu que c'est la même personne. Encore un schizo à tous les coups. Bref...

"Hé coach ! Mais t'étais où là soure l'action ? Pourquoi l'autre qui marché pas droit il a pou sé faufiler comme ça ? Tou étais en train de faire un strip-poker avec lé virage Soud ou quoi ?"

Le match démarre sur les chapeaux de roues (ou de Roux, au choix, quoi que dans ce cas on dirait plus bonnet...), Caza passe à Fauvergue qui perd le ballon, le fils du Gode tire sans réfléchir et Cassard s'efface mais la barre réussit l'arrêt... alors que l'italie, Platini je crois ou Panini d'Istres slalomait façon tecktonik dans notre défense sans le ballon, le match démarre fort ça va sans dire...

Caza' s'approche de Pelé, j'entends de mon banc ce qu'il lui reproche, je crois que y'a un soucis là, Pelé me regarde avec la même expression que Khiter garde en permanence sur son visage, je siffle un coup, le gitan se retourne, tactique pratique, vous sifflez il pense à un bleu képi et se tourne vers vous, c'est dans leur culture, comme un chien qui aboie après un chat... Et là le colombien se sent con, il m'observe, dévisage Pelé, visiblement il remarque que je suis sur le banc et non sur le terrain, il affiche alors un sourire à faire envie Pichot et fonce se positionner sur le front de l'attaque alors que Cassard réagit seulement que le ballon est devant sa zone de but, il le saisit sans trop de mal, il a juste due combattre une petite touf de pelouse qui était 2mn plus longue que prévu, mais c'est dans ses cordes, il prends donc le ballon et relance sur Fanchone, qui joue sur Lacourt, Banning et le ballon file...

Sur le coté du terrain, j'observe la rencontre, je me lève du banc pour voir les choses de plus près et dévisage le coach Istréens, l'arbitre me fait signe de me calmer alors que je n'ai strictement rien fait pour le moment, et Steevy me fait signe de me rassoir rapidement.

Je prends place à coté de l'assistant, il commence à me parler du placement de Lacourt qui ne lui plait pas, et que Steeven semble obnubiler par le numéro 6 et monte sans arrêt aux avant-poste pour le prendre au marquage... Je me lève alors du banc et hurle à tue-tête

"Steve ! C'est pas le 9 que tu dois marquer, c'est le 6 ! Le fils du Gode !"

Là, Steve se retourne et file vers le fils du Gode, le speaker s'enflamme pour ce joueur, je me demande bien ce qui lui trouve, bon sa frappe était phénoménal sur l'engo' mais c'est pas le challenge Telefoot là, il devrait y jouer d'ailleurs il aurait une chance de gagner le droit de passer dans l'émission dominicale.

On approche la 4e minute de jeu, le jeu est pour le moment fluide, pas trop de faute, un jeu qui ne rappel pas du tout le Brésil mais plus la Grèce de 2004 à savoir on balance sur Fauvergue qui du haut de son mètre 90 doit tenter de dévier vers Casablanco, mais Fauvergue il a beau être grand, le jeu de tête c'est pas son fort, Simon Zenke part s'échauffer, le speaker se demande si c'est le cousin du fils du gode... Je comprends pas pourquoi.