[Aleksandr Cenzh] Tu me manqueras ...

J'étais dans les rues de Monaco quand je venais de recevoir un message de ma sœur Kamìll sur mon téléphone portable. J'étais accompagné d'Eric Nalbandian, un coéquipier et je devais vite retourner au centre pour rappeler ma frangine, apparemment elle avait quelque chose d'extrêmement important à me dire. J'étais pressé de savoir et petit à petit mon pas s'accélérait afin de me permettre de rentrer plus rapidement. Le message de Kamìll m'inquiétait malgré tout. Au bout de quelques minutes de marche j'étais enfin de retour au centre de formation de mon club, je grimpais les escaliers quatre à quatre pour vite rentrer dans ma chambre, une fois dedans je fermais la porte et m'installa tranquillement sur mon lit. Je regardais une nouvelle fois le SMS envoyé il y a plusieurs minutes déjà, j'hésitais à appeler maintenant, ce qu'allait me dire Kamìll pouvait être très grave, j'avais peur. Cependant je pris la décision de composer quand même le numéro de ma sœur, j'entendais sonner au bout du fil lorsqu'elle répondit.

"Aleks, c'est toi ?"
"Ouais Kamìll, je viens d'avoir ton message. Qu'est-ce qui se passe ?"
"Aleks, j'ai quelque chose de vraiment important à te dire. Est-ce que tu peux revenir à Ostrava pour quelques jours ?"
"Quand ça ?"
"Le plus rapidement possible !"
"Beh explique moi, que ce passe-t-il ?"
"Un problème avec Papa, il est actuellement à l'hôpital. Il a eu un malaise il y a deux jours et les médecins ont fait plusieurs examens sur lui et d'après eux il sera condamné, une grave maladie."
"T'es sûre de c'que tu m'dis là ?"
"Oui oui certaine, j'espère que t'arriveras à passer rapidement"
"Ouais j'vais voir, j'suis en mercato donc en pause en c'moment même. J'vais me renseigner pour choper un billet d'avion. Merci d'm'avoir prévenu Ka'"
"Bisous, tiens moi au courant sur le billet d'avion"
"Ouais, j't'envoie un texto quand j'ai trouvé, ne t'inquiètes pas"

Directement je m'affolais sur les ordinateurs accessibles pour tous les membres de l'équipe qui habitaient au centre, malheureusement aucun ordinateur n'était libre et il fallait absolument que j'aille prendre un billet d'avion sur Internet. Il fallait surtout que je vois mon père, il allait très mal selon Ka'. Personne n'avait envie de se bouger, il fallait donc que je ressorte en ville pour aller voir en agence. C'est au pas de course que je me rendait à la ville pour la deuxième fois de la journée, si seulement j'avais su je ne serait pas retourner au centre pour appeler Kamìll. Je venais d'entrer dans l'agence de voyage, je voulais prendre des renseignements pour trouver un voyage, l'hôtesse était de dos en train de chercher un dossier, lorsqu'elle s'est retournée, clairement, j'ai eu un gros choc !

J'étais donc rentré dans la salle, elle était assez novatrice dans son genre avec un style bien particulier qui semblait presque futuriste par les bureaux, les chaises et toute la contenance des bureaux. J'entrai donc tranquillement, l'hôtesse d'accueil se retourna pour me faire face et bizarrement ce visage me semblait familier. Un petit instant de réflexion plus tard je m'écriai

"TOI ?!"
"Excusez-moi, on se connaît ?"

L'hôtesse semblait embarrassée par ma réaction, elle semblait être sincère en disant qu'elle ne voyait pas qui j'étais. Dans ma tête je réfléchissais à ce que j'allais lui dire.

"Il est normal que tu ne me reconnaisses pas, ça fait combien d'années maintenant ? 10 ans ? Peut-être plus ?"
"Je vous le dis Monsieur, je ne vois absolument pas qui vous êtes. Pourriez-vous m'éclairer ?"
"Avant cela j'aimerais bien vérifier que vous êtes bien la personne que je pense que vous êtes. Votre prénom est-il bien Andèl ?"
"Venez par là jeune homme"

Elle me fit signe d'avancer vers elle, elle m'emmena dans un bureau. Il semblait que j'avais tapé juste et qu'elle voulait m'en dire ça et savoir qui j'étais.

"Comment savez-vous que je m'appelle Andèl ? Personne ici le sait, ils m'appellent tous Ange."
"Je le sais car tout simplement je te connais, et que normalement tu es sensé me connaître toi aussi ..."
"Tu ne serais pas ..."

Les larmes commençaient à se sentir dans ses yeux.

"Aleksandr ?"
"Oui c'est bien moi, heureux que tu m'es enfin reconnu Maman"

Oui, c'était bien ma mère. Moi qui pensait qu'elle était décédée depuis près d'une dizaine d'années déjà, clairement se fut un choc pour moi.

"Mais pourquoi ? Pourquoi nous avoir fait croire que tu étais morte ?"
"Tu ne peux pas comprendre Aleks, la vie en République Tchèque ne me convenait pas. Je voulais vivre autre chose mais ton père ne voulait pas quitter le pays, il avait fonder sa vie entière là-bas. De plus comment auriez-vous réagit toi et ta sœur si vous aviez su que je partais pour vivre une autre vie ?"
"Le mieux aurait été de ne pas partir ou de ne pas nous faire croire que tu avais disparu. Tu ne t'imagines pas tout le chagrin qu'on s'est fait, tous !"

Ce moment je n'aurais jamais pensé le vivre ici, à Monaco. Honnêtement revoir ma mère c'est la dernière chose que je m'imaginais ici. Elle nous avait clairement jouer un tour et je ne savais pas si je devais lui en vouloir de nous avoir laisser ou lui laisser une deuxième chance, une chance de relier un lien avec moi.

"Maman, je suis désolé d'interrompre ses retrouvailles mais j'ai quelques choses d'important à te demander."
"Vas-y Aleks, dit !"
"Voilà, je n'sais pas si tu es au courant mais Papa serait malade, Kamìll m'a appelé tout à l'heure pour me demander d'aller les rejoindre le plus rapidement possible."
"Ton père est malade ?"
"Oui, et j'aimerais savoir si tu pouvais me trouver un billet pour la République Tchèque, l'avion le plus proche si possible"
"Oh oui bien sur ! Pas de soucis"

Je sentais en elle le besoin de me rendre ce premier service, en guise de retrouvailles. Je pense que je ne l'aurais réellement pas bien pris si elle avait refusé cela, surtout après toutes ces années d'absence ! Elle chercha donc dans les billets disponibles et au bout de quelques instants elle s'écria

"HOP ! Voila !"
"C'est bon, tu l'as trouvé ?"
"Oui, c'est un billet pour dans deux jours, ça t'ira ?"
"Ouais parfait, je te remercie."
"Dis moi, pour fêter ces "retrouvailles" je te propose d'aller boire un verre à la fin de ma journée"
"Désolé Maman, mais avec les entraînements pour le moment c'est assez compliqué. Donne moi ton numéro et j'te rappellerais quand je serais libre"
"D'accord pas de soucis"

Elle me nota son numéro sur un petit papier qu'elle me glissa dans la main, après une bise je repris le chemin du centre d'entraînement. Une fois arrivé, les gars me demandaient pourquoi est-ce que je tirais un large sourire. Après une longue explication et un énorme tournage autour du pot je finis par leur avouer que je venais de retrouver ma mère que je croyais morte depuis plusieurs années. Ils n'arrivaient pas à y croire eux aussi, c'était marrant de voir leur tête ! Maintenant, il fallait que je prévienne ma sœur que j'arrivais dans deux jours. Malheureusement, je tomba sur sa messagerie.

"Allo Kamìll, oui c'est Aleks, donc voilà je viens d'obtenir un billet pour Ostrava. J'arrive dans deux jours et j'ai une énorme nouvelle à t'annoncer. J'te rappelle après-demain avant d'embarquer. Bisous à toi et à Papa"

Les deux jours étaient passés et après quelques heures de voyage en avion je venais d'atterrir à l'aéroport d'Ostrava, Kamìll était venue me chercher en taxi. Le confort de ce taxi n'était pas aussi grand que ceux que je prenais à Monaco. Nous habitions à l'opposé de la ville et l'aéroport n'était pas très loin de notre maison. Une nouvelle fois je devais subir près d'une heure de transport, la fatigue se faisait sentir et je commençais à m'endormir dans le taxi, j'avais du mal à suivre ce que me disait Kamìll

"Alors tu vois, Papa est à l'hôpital mais les médecins ne veulent pas me dit clairement ce qu'il a. Ils me disent qu'il est au mauvais point mais ils préfèrent attendre que le fils aîné soit là pour lui annoncé, apparemment se serait Papa qui leur aurait demandé ça"
"Pourquoi veut-il attendre que je sois là ? Je ne le comprends pas !"
"Moi non plus, et même quand je vais le voir et que je lui demande il ne veut rien me dire"
"Il va falloir que je lui en parle"

Le taxi venait d'arriver à la maison, je demanda au chauffeur de ne pas partir, il fallait tout simplement que je dépose ma valise puis on pouvait partir pour l'hôpital. Une fois arrivé, Kamìll paya le chauffeur et nous deux nous nous avançâmes vers les portes de l'hôpital. Tous les deux côtes à côtes, cela faisait quelques années que ça n'était pas arrivé car même si dans le passé nous nous entre-aidions, nous nous aimions il y avait toujours des disputes entre nous. Bref, nous étions devant la porte de la chambre de mon Père, je demanda à Kamìll d'attendre dans le couloir le temps que je parle tranquillement à notre Père.

"Salut P'pa, comment vas-tu ?"
"Ah mon fils Aleks !"
"Alors, comment vas-tu ?"
"C'est la grande forme comme tu peux le voir, et toi, t'as fait bon voyage ?"
"Ouais vite fait, l'avion c'était pas extra non plus. Alors, j'aimerais te dire quelque chose"
"Oui vas-y"
"La prochaine fois, quand tu as quelque chose dit le directement à Kamìll plutôt que de me faire venir. Imagine ça aurait été grave ce que tu as, je serais arrivé encore plus vite. Comme je ne savais pas la gravité de ce que tu avais je ne pouvais donc pas me dépêcher plus. Penses-y pour la prochaine fois"
"Il n'y aurait peut-être pas de prochaine fois"
"Comment ça ?"
"J'ai un cancer en phase avancée, je vais bientôt mourir"
"Tu déconnes là ?"
"Nan, pas du tout"

J'étais choqué, scotché, je ne savais plus quoi dire et surtout comment l'annoncer à Kamìll. Elle allait penser que nous serions tous les deux sans parents, mais moi j'ai retrouvé notre mère, il fallait que je lui annonce. Sinon elle serait placé à la DASSE Tchèque et je ne voulais pas ça pour elle. Elle n'avait que 17 ans, donc elle devrait subir une famille d'accueil pendant un an minimum mais je préférais largement qu'elle vienne vivre à Monaco chez Maman, au moins elle aura quelqu'un qu'elle connaît un peu, enfin ça reste sa mère aussi puis moi, je serais à côté.

Quelques jours après l'annonce de son cancer, la maladie de mon père s'est accentuée très rapidement. Il nous avait appelé moi et ma sœur pour ce qui pourrait être ses derniers moments. Une fois que nous étions tous les deux dans la pièce il nous pris la main, je tenais sa main gauche. Il commença une grande tirade, il fit quelques recommandations à ma Kamìll, enfin, et je m'en doutais, c'était à mon tour.

"Aleks, je compte sur toi pour réussir là où j'ai échoué. Je sais que tu peux devenir un grand joueur et que tu réussiras. Tu seras la vedette de tout un pays, j'espère que malgré tout ça tu continueras de penser à moi"
"Ne t'inquiètes pas Papa, je ne t'oublierais jamais"

Kamìll ne pouvait retenir ses larmes, moi pour être honnête je m'efforçais de ne pas les laissées couler sur mes joues. Je voulais montrer une image forte à mon père, et je ne voulais pas que ma sœur ne me vois pleurer.

"Surtout, prends soin de ta sœur ... Je t'aime Kamìll. Je t'aime Aleks"

Ce fut ses derniers mots, sa main ne serait plus la mienne. En vitesse j'appelai un médecin pour qu'il vienne le réanimer. Après plusieurs tentatives il n'y arrivèrent pas, c'est ainsi que mon père est décédé, devant moi, sous mes yeux.

Il fallait maintenant que je m'occupe de Kamìll, je ne pouvais pas la laisser toute seule ici. Elle était encore trop jeune pour se débrouiller.

"Kamìll, en rentrant tu feras tes valises. Demain tu prendras l'avion avec moi, je ne peux pas te laisser toute seule ici"
"Où est-ce que je vais aller ? Tu seras à ton centre ..."
"Ne t'inquiètes pas pour ça, je te "représenterais" quelqu'un que tu connais déjà. Tu devrais pouvoir rester avec elle"
"Qui est-ce ?"
"Tu verras bien par toi-même"

Le temps passa et le lendemain nous partîmes tous deux en direction de Monaco, à notre arrivée Maman nous attendait. Kamìll ne la reconnu pas et me demanda pourquoi j'étais si proche d'une femme de cet âge.

"Kamìll, je te présente notre mère !"