Sujet: i can't stay away from you. ♣ appartement 31, avec mick pierson. Jeu 2 Déc - 14:17
« Naître, c'est trop facile. Le problème, c'est de devenir. Et si possible, devenir la bonne personne. »
L'idée s'était imposée en moi sans que je n'arrive à la faire taire à temps. Maligne, elle m'avait d'abord saluée un soir où l'alcool m'avait faite prisonnière, suite à une soirée un peu trop arrosée. Et elle était partie puis revenue plusieurs fois, attendant toujours que je me laisse aller à ma solitude. Ainsi, il était toujours plus simple de m'apprivoiser, de me faire croire tout et n'importe quoi, surtout n'importe quoi. Désormais, cette illumination faisait partie de moi, complètement. Elle était ma plus belle obsession la journée et ma plus dangereuse hantise la nuit. Elle ne me lâchait jamais. Quelque part, j'avais la sensation de l'avoir un jour tatouée sur ma peau, à l'encre, pour qu'elle ne s'efface jamais et s'évertue à me rappeler que même si loin, il y aurait toujours lui pour me répéter que je dois encore me battre pour mon rêve. Qui, lui ? Mick Pierson ou le mec qui avait un train d'avance sur notre rêve commun. Mick ou le gars qui balançait sa putain de fierté aux oubliettes dans les lettres qu'il m'envoyait régulièrement. Mick Pierson, tout simplement. Ou non. Parce qu'il était tout sauf simple, parce qu'il pouvait être ange comme démon, parce qu'il me poussait à me battre pour ma plus grande ambition sans omettre de me répéter sans cesse qu'il était déjà bien plus loin que moi à ce niveau-là. C'était exactement ça : il m'autorisait à tirer le meilleur de lui-même à condition que je ne brûle aucune étape, à condition que je ne lâche aucun mot à quiconque sur notre relation. A condition que je reste dans l'ombre, finalement. Paradoxe obscène puisque malgré tout, j'étais là aujourd'hui, accrochée à mon envie de le revoir comme un cordon ombilical raccroché à la Terre. Ça avait été plus fort que moi et ça m'avait obsédée jour et nuit depuis la dernière lettre qu'il m'avait envoyée si bien que j'avais pris le premier vol pour Bruxelles, en sachant pertinemment qu'il serait là-bas, ne m'attendant absolument pas. De toute manière, Mick n'attendait personne dans sa petite vie bien rodée de mec arrogant. Personne si ce n'était son rail de coke. Personne, et encore moins moi. Question de principe : on ne laissait jamais quelqu'un entrer dans sa vie, la saccager et nous empêcher de nous concentrer pleinement sur notre objectif, surtout quand on se nommait Mick Pierson.
Citation :
Je me casse Pépite, je prends demain un avion pour Bruxelles, avec Paul. Et ne me demande pas pourquoi je fais ça dans ta prochaine lettre parce que je ne suis pas certain de ma décision. Suis-je seulement certain de quoi que ce soit ? Même ça, j'en doute. Je lâche Toulouse après deux saisons, je lâche ce club alors que c'est là-bas que j'ai le plus progressé. Et le pire, c'est que je n'ai même pas l'impression de faire une connerie. AFE+3, ça sonne tellement bien, tu ne trouves pas ? Je crois que j'ai besoin d'air, j'étouffe et tout ce que je veux c'est me barrer d'ici avant d'éclater la tête de quelqu'un. Je ne suis pas du genre à tenir en place, j'ai besoin de bouger, à quoi ça va m'avancer ?... Et puis merde, je n'en sais rien, en fait. Tout ce que je sais, c'est que mon billet m'attend sur le bureau et que demain, il faudra que tu envoies tes lettres ailleurs qu'ici. Je m'arrête là Lou', je ne dis que des conneries, et ça, sans rail de coke. Pendant que j'y suis, je ..., tu peux y mettre ce que tu veux, je ne suis pas doué pour dire ce que je ressens mais je sais que tu comprendras !
Mick.
Dix bonnes minutes que j'étais là à ressasser chacun de ses mots dans ma tête. Dix bonnes minutes que ceux-ci frappaient contre les parois de mon crâne, me faisant douter de ma venue ici. Qu'allait-il faire ? Allait-il être à l'effigie de ses lettres ? Ou allait-il être à l'effigie de celui qu'il montrait à tout le monde ? Tout ce que je pouvais certifier, c'est qu'il serait pris au dépourvu, peut-être un peu trop. Le problème, c'est qu'il n'était pas le genre de mec à aimer être pris au dépourvu. Au contraire. Il avait ce besoin merdique de toujours tout avoir entre ses mains. Je l'avais compris bien vite, et lorsque je l'oubliais, il n'hésitait pas à me le remettre en tête. Pépite. Tout sauf un surnom affectif. S'il me surnommait ainsi depuis le début, ce n'était que dans un seul but : que je me souvienne toujours que depuis que je m'étais attachée à lui, je n'étais plus que l'ombre de moi-même, plus vraiment complète ; que je n'oublie jamais qu'il menait la danse et que je n'étais qu'un pantin, une pépite, quoi. Sans comprendre pourquoi, ni comment, ma main sortit enfin de ma poche et s'en alla effleurer la porte, sans que je ne parvienne à la contrôler. Et trois légers coups vinrent s'y abattre, presque inaudibles. Bordel. Je faisais fausse route et la boule qui se logeait dans mon ventre depuis mon arrivée ici me stoppa. J'étais en train de faire la plus belle connerie de ma jeune vie, mais il était déjà trop tard puisque la porte venait de s'ouvrir, laissant apparaître un Mick plus beau que jamais, plus surpris que jamais aussi. Et moi, enfin en phase avec la réalité, je perdis tous mes mots, tout mon vocabulaire. « Euh... C'est moi. » Gé-ni-ale comme approche. C'que j'étais conne, tremblante devant sa porte, à attendre qu'il me laisse entrer alors qu'on savait tous les deux que je finirai égorgée sur le paillasson d'ici peu. Que foutais-je là, exactement ? Même ça, je ne me souvenais déjà plus.
i can't stay away from you. ♣ appartement 31, avec mick pierson.